La Sirène

Le fond de l´océan est triste et sans lumière
Chantait le vieux marin en finissant son verre
Je connais un palais où plus de cent flambeaux
Caressent les poissons et font scintiller l´eau

Car la sirène est nue des épaules à la taille
Mais elle porte en dessous un long fuseau d´écailles
Qu´elle laisse glisser dans une lente danse
Pour offrir au marin un tout dernier bonheur
Avant le grand silence

Typhon droit devant
Nous crie le second
Il y a trop de vent
Tout le monde sur le pont

Carguez la grand voile, attachez les barils
Il n´y a plus d´étoiles et la mer est d´huile
Mais dans pas longtemps le bateau va danser
Typhon droit devant, mes amis priez

Comme une allumette
Le bateau voyage
Et frappent les têtes
Sur le bastinguage

La plus haute lame nous prend par le travers
Tout le monde aux rames, un homme à la mer
Mais le vent nous pousse ailleurs et bien plus loin
Le malheureux mousse nous appelle en vain

Des tourbillons, des bulles, des vagues et des remous
La mer est en folie, tout est calme en dessous
Par cent mètres de fond, rien ne peut déranger
La sirène étendue dans son palais doré

Car la sirène est nue des épaules à la taille
Mais elle porte en dessous un long fuseau d´écailles
Qu´elle laisse glisser dans une lente danse
Pour offrir au marin un tout dernier bonheur
Avant le grand silence

Et voici que le mousse, après avoir coulé
Arrive aux portes du palais
Il entre sans frapper et regarde troublé
La sirène endormie
Déjà elle se réveille de son profond sommeil
Se lève et lui sourit

Au cimetière marin
Une croix de bois
Au petit matin
Me le raconta

Que tu me croies ou pas
Après tout je m´en fous

Car la sirène est nue des épaules à la taille
Mais elle porte en dessous un long fuseau d´écailles
Qu´elle laisse glisser dans une lente danse
Pour offrir au marin un tout dernier bonheur
Avant le grand silence