Les rameurs des forêts
       
Les rameurs des forêts ont arraché de terre
Le bois de leurs racines pour prendre leur envol
Ils s'imaginent monter vite et haut dans les airs
Mais restent à plafonner à trois mètres du sol

Les rameurs des forêts avec leurs bras de branches
Brassent l'air devant eux pour se faire avancer
Et levant haut les yeux de leur visages de planche
Ils ont juste un espoir, celui de voir passer...Les demoiselles de brume.....
Les demoiselles de brume planent au dessus des bois
Elles sont à peine vêtues d'un manteau de nuage
Quand un rayon de lune vient les toucher du doigt
Un sourire ingénu s'accroche à leur visage

Les demoiselles de brume, de leurs mains de rosée
Dispensent à la nature un petit coup de pouce
Elles posent des perles d'eau sur les toiles d'araignées
Sur les feuilles et les herbes et les cheveux de mousse ...des rameurs des forêts.....
Les rameurs des forêts à grands coups de racines
Battent l'air derrière eux, se projettent en avant
Pour tenter d'approcher celle qui les fascine
Ils se tordent et s'agrippent à tous les plis du vent

Les rameurs des forêts, avec leurs gestes avides
S'efforcent de saisir la main qui les caresse
Mais leurs doigts de brindilles ne traversent que du vide
Alors qu'au dessus d'eux lentement disparaissent...Les demoiselles de brume.....
Les demoiselles de brume voient les bonds pathétiques
De leurs adorateurs, mais si elles le désirent
Elles se laissent attraper du bout de leur tunique
Et l'eau, le bois, le feu pourront se réunir

Les demoiselles de brume font leurs amours pudiques
Dans un nid de vapeur, de flammes et d'étincelles
Derrière un drap de feuilles, c'est la rencontre unique
Entre un rameur... et une demoiselle....
À la fin de l'etreinte on trouve tombé au sol
Un peu de bois noirci, un tas de braise qui fume
Entre nous et le ciel, de la cendre qui vole
Et le vent qui disperse quelques lambeaux de brume