J´arrive

J´arrive
J´ai posé le pied sur la rive de ce continent qui dérive
Et l´autre en poussant doucement fait reculer les océans

J´attends
Est-ce que la montagne est plus belle avec ou sans neige éternelle
Quand ses dents déchirent les nuages, quand l´érosion la rends plus sage

Tu vois
Le glacier pleure des perles d´eau, ses larmes ont formé des ruisseaux
Ces deviennent des rivières qui feront déborder la mer

Patiente
Au loin j´ai vu flotter des îles, presqu´arrêtées, presqu´immobiles
Laissons leur le temps de couler au fond de la mer apaisée

J´arrive, attends, patiente encore un peu

J´arrive
Il me reste un lac à vider, quelques deserts à dérider
Le grand canyon à suturer et des étoiles à décrocher

J´attends
J´ai entendu pousser un chêne au fond de la forêt lointaine
Je sens la mousse et les lichens lui tricoter un bas de laine

Tu vois
Plus rien ne bouge en ce moment les feuilles caressées par le vent
Se sont déroulées de plaisir, parfois les branches ont des soupirs

Patiente
Quand j´aurai veillé puis dormi, je devrai compter les fourmis
et les brins d´herbe de l´alpage, et les buissons, et les nuages

J´arrive, attends, patiente encore un peu

J´arrive
Quand l´infini sera fini, l´éternité aura filé
Le temps n´aura plus de frontières, s´en ira d´avant en arrière

J´attends
Que le soleil au long passé ait fini de se consummer
Alors la nuit sera un voile transpercé de miliers d´étoiles

Tu vois
Ici, maintenant et toujours
Les jours vont succéder aux jours
Et puis les semaines aux semaines
Il faudra bien que je revienne

Patiente
Le vent qui poussait mon navire
A tourné, mon bateau chavire
Mais je continue de nager
j´ai l´océan a traverser

J´arrive, attends, patiente encore un peu