Le berger des voitures

C´est l´histoire de l´homme qui rêvait d´air pur
De hautes montagnes et de pâturages
Et qui se retrouve berger des voitures
Au troisième sous-sol d´un triste garage

Il tond le béton pour nourrir ses bêtes
Ratisse le gravier prépare leurs litières
Du soir au matin, recompte les têtes
Caresse les antennes et parle aux portières

Mais parfois le dimanche, il va pêcher les sirènes
avec une branche à la fontaine
Tout au fond de sa tête, quand le cri du loup résonne
C´est jamais la faute à personne

C´est l´histoire de l´homme qui vit sous la terre
Cousin de la taupe, fils de la marmotte
Si quelqu´un l´approche, pousse un cri de guerre
Et se réfugie au fond de sa grotte

Le soir il s´étend, une oreille au sol
Rêve en écoutant couler la rigole
Au bord d´un torrent, il croit qu´il se lave
Mais l´eau doucement se transforme en lave

La terre devient molle, un volcan s´envole
Et lui qui s´affole, au 3ème sous-sol
Sort de son garage, s´enfuit dans l´orage
L´eau sur son visage en calme la rage

Mais parfois le dimanche, il va pêcher les sirènes
avec une branche à la fontaine
Tout au fond de sa tête, quand le cri du loup résonne
C´est jamais la faute à personne

C´est l´histoire de l´homme qui a mal grandi
Comme la mauvaise herbe entre deux pavés
Il n´a pas tourné voleur ou bandit
S´est juste perdu avant d´arriver

Regard attendri, recompte ses bêtes
Il les connaît toutes, couleurs, numéros
Un creux, une bosse, que la rouille s´y mette
Il sent la douleur sous sa propre peau

Mais parfois le dimanche, il va pêcher les sirènes
avec une branche à la fontaine
Tout au fond de sa tête, quand le cri du loup résonne
C´est jamais la faute à personne Le soir il sommeille, une oreille au sol
En rêve il se baigne au fond des rigoles
Dans l´eau droit venue du haut des glaciers
Il pêche à main nues des poissons d´acier